Description
 
Il s’agit de l’adaptation d’un roman écrit à la fin des années 60 par l’écrivain américain Richard Brautigan. L’ouvrage s’intitule en français « L’Avortement ».
Considéré par beaucoup comme un auteur majeur de la Beat Generation et, à son corps défendant, comme l’une des figures de proue de la mouvance hippy de San Francisco, Brautigan reste peu connu du grand public, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe.
Reconnaissable entre mille du fait de sa simplicité et de son dépouillement, son style emprunte exclusivement au langage de tous les jours. Le ton est toujours très détaché, quel que soit le drame qui se joue sous sa plume. Qu’il soit triste ou comique, c’est toujours par inadvertance semble-t-il. Brautigan ne porte jamais aucun jugement sur les faits et gestes de ses personnages et laisse ainsi au lecteur (et à l’auditeur), tout le champ nécessaire à sa propre imagination. Les dialogues jouent, quant à eux un rôle prépondérant dans la définition des personnages, de même que dans le développement et le rythme du récit.
 
Synopsis
 
Richard, Foster et Vida se sont, tous les trois à leur manière, concocté une existence et des certitudes qui les protègent du monde extérieur. La nécessité d’un avortement va malgré eux les pousser à changer de vie.
 
Richard a pour ainsi dire quitté le siècle pour se consacrer exclusivement à l’entretien de la bibliothèque pour laquelle il travaille. C’est une bibliothèque assez particulière où l’on ne consulte pas de livre mais où quiconque peut déposer un ouvrage dont il est l’auteur et dans lequel il a couché ce qui lui tient le plus à cœur. Comme la nostalgie, les peines, les rêves et autres lubies d’autrui sont imprévisibles et qu’à n’importe quel moment peut arriver une âme à soulager, Richard ne quitte jamais son poste. Il vit dans cet établissement bizarre,  une existence entièrement consacrée à ce qu’il considère comme un véritable sacerdoce. Il n’a plus mit les pieds dehors depuis des années et ne rencontre jamais personne que les clients de sa bibliothèque ainsi que Foster qui le ravitaille et l’assiste dans son travail.
La fonction de Foster consiste à acheminer les livres jusqu’à des cavernes dans les montagnes où ils seront stockés. Foster est responsable de l’entretien de ces cavernes et, à sa façon, lui aussi a abandonné le monde puisqu’il passe le plus clair de son temps à dilapider sa maigre paie dans les bars de la région et à courir derrière les indiennes.
Vida est une cliente de la bibliothèque. Contrainte d’abandonnée ses études, son projet le plus cher est de pouvoir un jour les reprendre, mais elle en repousse constamment la décision. En attendant, elle gagne sa vie comme strip-teaseuse alors que sa plus grande angoisse provient justement de ce qu’étant exceptionnellement belle, elle ne supporte plus de n’avoir jamais été perçue que comme un objet de fantasme. Richard ne la considérant pas de la sorte, elle trouvera dans leur relation une sérénité qui lui permettra de s’assumer comme elle est ; au moins un peu.
Ainsi le couple va-t-il se tisser un cocon confortable, où règne constamment un désarroi non avoué jusqu’au jour où Vida tombe enceinte.
D’un commun accord, estimant ne pas être en mesure d’assumer cette naissance, les Richard et Vida décident d’avorter. Avec l’aide de leur ami Foster, ils se rendront donc au Mexique où, contrairement aux USA, l’avortement est toléré.
 
Les préparatifs et l’expédition qui s’en suivront, les extirpant de force de leur inertie, leur apprendront à accepter que les choses changent quoiqu’on fasse pour les en empêcher.
 
La première partie sert en quelque sorte à « distribuer les cartes ». Les personnages y sont présentés, les contextes définis et, par la même, la grille de lecture qui sera employée. L’amorce est donnée par l’annonce de l’avortement et les préparatifs du voyage.
La seconde partie, quant à elle relate le périple au Mexique ainsi que l’épreuve de l’opération.
 
Forme
 
Intrigué d’abord par la bibliothèque, un journaliste s’intéresse à la personnalité de Richard. Par la suite, étant amené à rencontrer l’entourage de ce dernier, son reportage s’oriente tout naturellement vers l’avortement. Plusieurs mois après les faits, il décide de recueillir les témoignages a posteriori des différents protagonistes. Ces interviews, ajoutées aux anciens enregistrements, constitueront la forme définitive de son travail. C’est ce document qui est proposé aux auditeurs.
 
Ce reportage consiste par conséquent en un montage hétéroclite de bandes de qualités variables, parfois de simple fragments d’interviews. Il témoigne de différents modes d’enregistrement et nous transporte dans des ambiances également variées. Trois dimensions narratives se dégagent d’un tel procédé.
 
Un premier ensemble est constitué des enregistrements les plus récents. Il réunit des interviews, faites en très gros plan, de qualités comparables à des prises en  studio. Il y a d’une part les interviews proprement dites, menées par le journaliste au moment des faits, et d’autre part les prises de son qu’il a réalisé à la même époque et dans lesquels il n’intervient à aucun prix.
 
Ces trois dimensions se succèdent et s’entremêlent même parfois lorsque les circonstances l’exigent, soutenant de la sorte une dynamique très rythmée.
Une production de l’asbl Le crayon libre, avec le soutien du Fonds d’Aide à la création radiophonique de la Communauté Française de Belgique.
Adaptation et réalisation : Stéphane Boulc’h
Prise de son, montage et mixage : Xavier Jacques (ùBlue Room Studio)

Distribution :

Julien Chaix, Olivier Guérit, Céline Bolomey, Karl Dendal, Bella Wajnberg, Henri Wajnberg, Henry Martinez, Milena, Isabelle Neu.

Durée :

- Premier épisode : 35’ 17’’ fin parole, 38’ 55” fin musique.
- Second épisode : 27’ 24” fin parole, 31’ 06” fin musique.http://www.blueroom.be/shapeimage_2_link_0